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Poupouss and co

26 janvier 2007

Petite famille... deviendra grande Voilà, je suis

Petite famille... deviendra grande

Voilà, je suis dans ma folie des arbres, je vous montre celui de Mahtan. Ca se multiplie petit à petit, les oreilles pointues n'ont pas encore disparu!

Arbre_Mahtan

(Cliquez sur l'image pour l'avoir à la taille réelle)

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10 août 2006

Mise à jour du 12-08-06 (2)

67

Une demi-heure après mon appel, elle sonnait à la maison. Je descendis en vitesse pour que personne n'aille ouvrir à ma place.
- Viens, on va aller dans le jardin, on sera tranquille, dis-je.
- Ok. Alors, prête pour entrer au lycée?
- Ouais. Dis, t'as vu le truc au journal hier?
- A propos des elfes? Oui! C'est bizarre. J'aimerais pas être à sa place.
- Moi non plus, mais je me suis dit qu'on pourrait lui proposer de venir avec nous si elle est seule.
- Ben on verra, si ça se trouve, c'est une fille super canon, et tous les mecs lui courront après alors...
- Tu penses qu'à ça toi! Du moment que le tien reste près de toi, y a pas de problème de toute façon!
- C'est vrai! dit-elle avec un petit air ironiquement suffisant.
- En parlant de ça, je voulais te demander...

68

- Oui?
- Lucas et toi... vous vous êtes embrassés non?
Elle éclata de rire, devenant rouge vif à force de ne plus savoir respirer. Je sens que j'aurais mieux fait de me taire... et c'est moi qui pris quelques couleurs.
- Naëlle! Evidemment! Depuis le temps!
- Ah... depuis combien de temps exactement?
- Oh... depuis... je sais même pas. Disons que quand on était petits, on s'embrassait mais bon, ... sans les détails quoi! Après, je sais pas à quel âge on s'est vraiment embrassés, mais ça fait un moment, pourquoi?
- Ben... enfin non rien.
- Allez, t'as commencé, termine!

69

- J'ai jamais embrassé quelqu'un... marmonnai-je.
- Quoi? J'ai rien compris!
- J'ai jamais embrassé quelqu'un, repris-je plus clairement mais avec une certaine amertume dans la voix.
- Ben euh... c'est pas grave! Et puis... tiens, Thomas, tu l'as jamais embrassé?
- Non...
J'avais pas envie de me ridiculiser devant elle, mais c'était ma meilleure amie, je pouvais pas lui mentir. Et puis si elle était vraiment mon amie, elle ne se moquerait pas.
- Ben suffit d'en attraper un en soirée!
- Mouais... tu l'as jamais fait que je sache!
- Euh... c'est vrai, mais si je voulais, ça se ferait sans problème! me dit-elle en me regardant avec malice.
Il y avait toujours cette autre question qui me torturait l'esprit, mais j'avais du mal à la sortir. C'est que je devenais très indiscrète. Mais après tout, c'était pas Ysaline que ça allait gêner!

70

- Et, est-ce que vous avez... franchi le cap?
- Couché ensemble? Evidemment! Tu imagines depuis combien de temps on est ensemble? Sérieux, on allait pas attendre le mariage hein!
- Ouais mais bon... on est jeunes encore. Enfin, vous faites ce que vous voulez mais...
- J'espère bien qu'on fait ce qu'on veut! Tu crois pas qu'on va te dire où et quand non? dit-elle en riant.
Elle avait bien changé ces dernières années. Elle et Lucas, ils se ressemblaient pas du tout. Lui, il était plutôt timide, enfin introverti, pas vraiment timide. Il osait, mais préférait garder tout pour lui. Tandis qu'avec Ysaline, on savait tout, ou presque, il n'y avait pas de sujet tabou.
Moi, à part ce sujet qui me rendait un peu plus gamine que je ne l'étais, par mon manque d'expérience, j'étais plutôt extravertie et à l'aise avec tout le monde.

71

- Et tu me l'as même pas dit? m'exclamai-je, réalisant qu'elle aurait pu me tenir au courant.
- Ben quoi, tu veux que je te tienne un journal de bord aussi?
- Non, mais merde quoi, on est amies, t'aurais pu au moins me dire quand ça s'est fait! J'ai l'air de quoi moi maintenant?
- D'une gamine!
- Oh ça va hein! lui dis-je en lui lançant les quelques brins d'herbe que je venais d'arracher.
- Bon, écoute, si tu veux, ce soir, on sort! Et tu te trouves un mec! Et tu l'embrasses!
- Parce que tu crois que mes parents vont me laisser sortir à deux jours de la rentrée...? Tu les connais mal, ils sont vieux jeu tu sais. Et avec le bébé qui va arriver, ils vont l'être encore plus! dis-je en levant les yeux au ciel.
- Le bébé? Quel bébé?

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- Mince, je t'ai pas dit! Ma mère est enceinte!!
- C'est vrai? C'est génial!!
- Ouais... C'est pas avec ça que je vais en apprendre plus sur leurs cachotteries...
- Oh Naëlle, tu vas laisser tomber oui? Ca fait des années que tu nous emmerdes avec tes histoires à dormir debout!
- Sympa...
- Mais c'est vrai quoi! Réalise! Tu t'es fait des films, depuis tout ce temps, tu n'as jamais eu d'indices.
- Pourtant, ma mère m'a demandé si je sortais avec Lucas, lui répondis-je en sachant très bien que ça allait la faire réagir.
- Ben... c'est normal, elle croit que vous pouvez tomber amoureux, puisque vous êtes toujours fourrés l'un chez l'autre!
- Pas plus qu'avec toi.
- A ce que je sache, tu n'as jamais fait part à ta mère de tes côtés homo...!

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- T'as très bien compris ce que je voulais dire! Je ne sais pas pourquoi, mais ils veulent me caser avec Lucas!
- C'est le gendre idéal faut dire... me dit-elle avec un air coquin et supérieur.
- Moi je te dis qu'ils cachent quelque chose...
- Tu sais quoi? me dit-elle en se levant. T'es saoûlante! Je t'appelle pour qu'on sorte ce soir! On fera ça en douce, me dit-elle pour répondre à mon regard interrogateur. Allez, bye! Et tu te fais belle hein!
Je suis restée là un moment, interloquée par ce qu'elle venait de me dire. Oh, j'ai l'habitude qu'elle me malmène un peu. Mais je réalisais que j'étais la seule à y croire encore, à ce mystère que mes parents entretenaient.
Ce soir-là, donc, j'ai fait semblant d'aller me coucher, comme d'habitude. Ysa m'avait téléphoné, on partait à une heure du mat', elle venait me chercher. Je me suis préparée, dans le plus grand silence, et je suis descendue. Je suis sortie un peu en avance, elle était capable de klaxonner pour m'appeler! Et si mes parents m'avaient entendue, je trouverais une excuse bidon, tant pis.

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On est donc parties dans une boîte de nuit de SimCity, à quelques kilomètres de là. C'était la première fois que j'y allais, et j'étais toute excitée! L'idée de sortir me donnait la sensation d'être grande, et en plus, j'avais bien l'intention de revenir, un petit copain en poche! Ou du moins, un copain pour une soirée, je m'en fichais si ça continuait ou pas, c'était pas mon but.
On est arrivées devant un superbe bâtiment, très classe, grand et luxueux. Des gens arrivaient de toutes parts, plus sexy les uns que les autres. Ils étaient de tout âge, de tous les genres. Ils allaient et venaient au gré de la foule, draguaient par-ci par-là, s'embrassaient, se tenaient la main, parfois aussi se disputaient. C'était un spectacle inoubliable, et l'image de cette entrée restera gravée dans ma mémoire. J'étais éblouie.
On est descendues de voiture, et on s'est dirigées vers l'entrée. Je fus étonnée qu'on nous laisse entrer dans ce genre de truc, mais je n'allais pas m'en plaindre. A l'intérieur, des lumières de tous les côtés, des gens qui dansaient, qui discutaient. C'était une ambiance agréable, tout le monde avait l'air de s'amuser, et je n'avais qu'une seule envie, me lancer à mon tour dans ce tourbillon de folie d'un soir.

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Mais Ysa avait d'autres projets.
- Petit a, on commence par le bar! Il faut se détendre un peu!
Elle m'emmena et m'offrit une boisson dont je ne connaissais ni le nom, ni l'odeur. Mais je lui faisais confiance, et je bus. Après 3 comme ça, elle était décidée à danser, alors que moi je tournais déjà. Soit, allons danser!
Nous avons commencé à nous déhancher comme des folles sur la piste de danse, et je ne me suis jamais autant amusée. Peu m'importait que les gens nous regardent, tout ce que je voulais, c'était profiter, ne penser à rien, et m'amuser.
Puis je la vis parler à un garçon, mais je n'avais pas le courage de me poser les questions habituelles, et je la laissais faire. Je compris deux minutes plus tard qu'elle était en train de me brancher avec un garçon, plutôt mignon même. Il s'approcha de moi et commença à danser. Moi je ne demandais pas mieux et je m'y remis de plus belle.

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Nos corps se rapprochaient, ses mains se posaient sur mes hanches, mais je me laissais faire sans discuter, j'aimais ça. Pas moins de 30 secondes plus tard, j'étais scotchée à lui, discutant dans le creux de son oreille. Il s'appelait Gilles et avait 17 ans, il me trouvait très jolie et avait très envie de faire ma connaissance. Moi j'aurais plutôt dit qu'il avait très envie de connaître ma bouche et tout ce qui s'y trouvait. C'est qu'il explorait bien, et je répondais à son baiser en y mettant du coeur. Je ne m'attendais à rien d'autre pour un premier baiser, et je fus satisfaite. Le reste de la soirée se passa agréablement, et j'entendis un peu plus le son de la voix de mon premier petit copain. Il était vraiment sympa, et ça faisait tout de même plaisir de se dire que je n'étais pas sortie avec le dernier des nuls qui aussitôt après avoir eu ce qu'il voulait, se barrait en courant. Mais il fallait bien que ça se termine un jour, alors après cette soirée haute en couleurs, Ysa m'a ramenée chez moi. J'étais sur un petit nuage, bien dans ma tête, fatiguée, mais hyper contente de ma soirée.

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- Allez, vas dormir, dragueuse! me dit-elle lorsque j'eus quitté la voiture.
- Merci, bonne nuit! Et à demain.
- A tout à l'heure!
Puis elle est partie, s'enfonçant dans la nuit noire. Je suis restée là jusqu'à ce que je ne distingue plus les deux points rouges des phares arrière de la voiture. Puis je suis rentrée dans la maison, et je me suis hâtée de retourner dans ma chambre. J'ai mis mon pyjama, et je me suis glissée dans mon lit, mais impossible de dormir. Toute cette soirée se déroulait à nouveau dans ma tête. Et ce baiser... waouw! Ce garçon était trop bien, trop mignon, trop... tout! C'était parfait, et jamais je ne remercierai assez Ysa pour ce qu'elle venait de m'offrir.
Le lendemain, par contre, c'était moins drôle... Je me suis réveillée à 11h du matin, avec un mal de tête horrible et une envie de vomir qui dépassait tout ce qu'on pouvait imaginer. Il faut dire que je n'avais pas vraiment l'habitude de boire de l'alcool, et pour une première fois, ça ne me réussissait guère. A peine levée, j'ai couru à la salle de bains... mais rien n'est venu. Pourtant, j'aurais peut-être préféré. J'ai essayé d'arranger ma tête pour ne pas faire tache devant les parents, mais c'était pas trop ça. Puis je suis descendue à la cuisine, où tout le monde avait fini de manger.

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- Naëlle, tu vis toujours?
- Moui... je crois. Mais pour une fois j'aurais préféré que ça ne soit pas le cas.
- Qu'est-ce qui t'arrive ma puce? me demanda ma mère, inquiète.
- J'ai mal au ventre, j'ai envie de vomir.
- Oh ma pauvre chérie, tu veux que j'appelle le médecin?
- Tu as fait quoi à 1h du matin Naëlle? me demanda mon père, qui apparemment n'était pas dupe.
Pourtant, je choisis de mentir.
- Euh... je sais pas quelle heure il était, mais je me suis réveillée pour aller vomir pendant la nuit.
- Mouais... dit mon père, apparemment peu convaincu.
- Ne dis pas n'importe quoi mon coeur, tu vois bien qu'elle est malade, répondit ma mère.

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Le reste de la journée, elle était aux petits soins pour moi, alors que mon père m'ignorait totalement. Je crois qu'il a compris, mais il a décidé de ne rien dire... du moins aujourd'hui. Mais j'étais sûre que ça allait ressortir à un moment ou à un autre.
Quoi qu'il en soit, le lendemain, c'était la rentrée, et c'est avec peu d'enthousiasme que j'ai pris ce satané bus qui faisait toujours autant de bruit. Le seul avantage, c'est que maintenant, j'avais fini les cours à 13h au lieu de 15. Et j'avais décidé de me trouver un petit boulot!
Arrivée dans la cour, qui était beaucoup moins jolie que le beau parc auquel nous avions droit avant, j'ai rejoint Ysa et Lucas.
- Salut!
- Tiens, v'là la dragueuse! lança Ysaline.
- Pourquoi tu dis ça? demanda Lucas, apparemment pas au courant. Salut Naëlle, tu vas bien?
- Mademoiselle était de sortie avant-hier, et elle a fait des folies de son corps... et de sa langue!

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- Ysa!!! Oui ça va, dis-je en me tournant vers Lucas.
- Alors tu es sortie avec quelqu'un? me demanda-t-il, comme si c'était tout à fait exceptionnel.
- Euh... oui, répondis-je, un peu gênée qu'il me demande ça de cette façon.
- Oh... et c'était qui?
- Ben... j'en sais rien, dis-je en riant.
- Un garçon répondant au doux prénom de Gilles! dit Ysaline en ricanant.
- Tais-toi, toi!
Lucas avait l'air de s'en foutre royalement, et Ysa continua de m'embêter le reste de la matinée. Puis, à la récré de midi, on a enfin aperçu cette fille, la nouvelle. Comme l'avait prévu Ysaline, elle était vachement jolie, et avait plutôt l'air bien dans ses baskets! Ysa et Lucas n'avaient pas l'air de s'y intéresser, et c'est vrai que c'était une fille comme les autres. De toute façon, peu importait. Elle était seule, et c'est sans hésitation que je me suis dirigée vers elle.

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- Bonjour, moi c'est Naëlle!
- Salut, me dit-elle. Moi c'est Alaël. Tu n'as pas peur que tes amis ne t'adressent plus la parole si tu t'approches de moi?
- Mes amis ne sont pas si bêtes, et je ne vois pas où est le problème, répliquai-je. Tu veux venir avec nous? Ce sont eux deux, mes copains, ils sont sympas.
- Euh... ok!
On arriva à la hauteur d'Ysaline et Lucas, et je fis les présentations.
- Voici Ysaline et Lucas. Ils sont mes amis depuis quelques années déjà, et eux sont ensemble depuis quelques années aussi, donc chasse gardée pour Lucas, dis-je en adressant un sourire à l'intéressé, qu'il me rendit. Et voici Alaël.
- Joli prénom, content de te connaître, dit aimablement Lucas.
Par contre, je redoutais un peu la réaction d'Ysaline. Une autre fille dans notre groupe, elle n'allait pas aimer ça, c'est certain. Mais j'osais espérer qu'elle lui ferait bon accueil, et je fus ravie de constater que c'est ce qu'elle fit.
- Moi aussi, dit Ysa avec un sourire honnête.
Et nous avons passé le reste de la journée à bavarder, en évitant pour le moment le sujet de ses origines et le pourquoi de sa venue chez nous. Nous attendions d'être plus proches pour savoir pourquoi des gens, vivant dans un monde où l'immortalité était monnaie courante, étaient venus ici.

10 août 2006

Mise à jour du 12-08-06

Mise à jour du 12 août 2006

57

Le soir même de mon anniversaire, mes parents sont venus me chercher, ainsi que mon frère. Il fallait qu'on aille dans la cuisine, réunion familiale improvisée.
Et on se retrouvait à table, à attendre leur bon vouloir pour nous dire ce qu'ils nous cachaient. Je me suis demandé si ça avait un rapport avec mes questions à moi, mais autant vous dire que je me berçais d'illusions, encore une fois. Car ce qu'ils nous ont annoncé était en effet une grande nouvelle, une information capitale pour notre vie, mais... ce n'était en aucun cas ce que j'attendais.
- Naëlle, Guillaume, nous avons quelque chose à vous annoncer, dit gentiment mon père.
- Mais encore? dis-je, impatiente.
- Eh bien voilà, je suis enceinte! Vous allez avoir un petit frère ou une petite soeur, dit calmement ma mère, comme si c'était tout naturel.
J'ai failli m'étrangler pendant que mon frère poussait un cri de joie à vous trouer les tympans. Ma mère enceinte?? Mais...
- Quoi?? Enceinte? Mais enfin...

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- Ce n'était pas prévu au programme, mais c'est plutôt une bonne nouvelle non, ma Naëlle? me demande mon père en me regardant de ses yeux tendres, comme pour m'obliger à être d'accord parce que je ne pourrais faire sortir ma colère devant ce regard-là.
- Euh... ouais.
Je ne pouvais pas rester là. Je suis montée dans ma chambre, sans en attendre la permission. Qu'est-ce qui leur prenait bon sang? Ils n'étaient déjà pas foutu d'être là ensemble, et voilà qu'ils nous faisaient un bébé! D'un autre côté... une petite soeur... rien que d'y penser, ça me donnait le sourire. Par contre, un autre petit frère, non merci! Grrrr, ces parents! Ils étaient déjà bizarres, mais là ils avaient atteint un sommet!
C'est mon frère qui est venu me voir le premier, car je savais que mes parents ne tarderaient pas à suivre. Qu'est-ce qu'il me voulait encore?
- Naëlle, pourquoi t'es pas contente?
- Tu ne sais pas ce que c'est d'avoir un petit frère, dis-je sans le regarder.
Puis, comme il ne disait rien, et que j'étais déjà en train de regretter mes paroles, je me suis tournée vers lui, et me suis approchée.

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- Ce n'est pas que je ne suis pas contente, mais je trouve ça bizarre. Nos parents sont bizarres, seulement tu es encore trop petit pour t'en rendre compte p'tit frère.
Je l'ai pris dans mes bras, pour lui montrer que je l'aimais quand même. En fait de l'aimer, je l'adorais. C'était mon frère, je me devais de le protéger, de l'aider, de le guider. C'est vrai qu'il savait être casse-pieds, mais son côté arsouille et son regard de chien battu me faisaient fondre.
- Eh, arrête! Je suis pas ton amoureux! Et je suis pas un gamin! me dit-il avec un air qui se voulait menaçant, mais qui ne l'était pas du tout.
- Allez file dans ta chambre, p'tit gars!
Et comme il fallait s'y attendre, c'est ma mère qui lui a succédé dans ma chambre. Tu parles d'un cadeau d'anniversaire, j'aurais préféré quelques informations à propos de ces écritures dans les livres! Mais à la place, j'ai droit à un bébé!
"C'est pas bien un bébé? C'est mignon, et puis ça t'occupera."
Comme si j'avais que ça à faire? J'adore les bébés, mais là, j'ai des trucs à découvrir!

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- Naëlle, on peut parler un peu?
- Moui...
- Ecoute, je sais bien que c'est difficile pour toi d'accepter. C'est un accident, c'est vrai, ce n'était pas prévu. Mais c'est un accident qui nous rend vraiment heureux ton père et moi. Et on aimerait beaucoup que ça soit ton cas aussi. Notre bonheur sera moins grand si tu n'y participes pas.
- C'est pas que je suis pas contente, mais vous croyez pas que c'est pas vraiment le meilleur truc qui vous arrive? Vous n'êtes déjà presque jamais là, tous les deux, ensemble alors avec...
- Ce problème sera réglé.
- Ah? Et comment?
- Je vais rester à la maison, le temps de ma grossesse et après la naissance... je ne sais pas encore combien de temps.
Cette nouvelle me réjouissait et m'écoeurait en même temps! C'était génial, j'allais avoir ma mère tout le temps, c'était pas courant chez moi! Chaque fois que mon père sera là, nous serons au complet, et ça c'est génial! Par contre, ça n'allait vraiment pas m'aider pour faire des découvertes. Et j'allais avoir ma mère sur le dos tout le temps, elle surveillera tout ce que je fais.

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- Bon alors... c'est cool, dis-je avec un manque d'enthousiasme certain.
Elle s'assit sur la chaise du bureau... c'est mauvais signe, elle allait me parler de trucs de filles, je le sentais.
- Alors... dis-moi... avec ce Lucas, comment ça se passe?
Je pris l'autre chaise et m'assit en face d'elle, parce que ce n'est pas en restant debout que j'allais échapper à cette conversation à laquelle je n'avais aucune envie de participer.
- Eh bien, nous sommes amis maman, depuis le début. Tu sais bien que c'est avec Ysa qu'il sort. Depuis toujours...
- Cette histoire de gamins dure toujours? Ca c'est étonnant!
- Ce n'est pas une histoire de gamins maman! Ils sont amoureux! Tu devrais comprendre, tu aimes papa non?
- Bien sûr! Et je comprends. Mais admets quand même que c'est rare que deux enfants continuent à... s'aimer à l'adolescence.
- Bon... j'ai des devoirs à faire encore...
- Ma puce, tu as l'âge toi aussi d'avoir un petit ami... alors euh...
- Maman! J'ai pas attendu d'avoir 15 ans pour...

62

- Quoi?!
- Si tu me laissais achever au lieu de te faire des films?! Je disais donc que je n'ai pas attendu d'avoir 15 ans pour savoir comment on faisait les bébés et ce qu'il fallait faire pour ne pas en avoir! Je me suis renseignée sur la question figure-toi, et de toute façon, à l'école, on finit quand même par tout savoir. Par contre, tu ferais bien de surveiller ton fils... Je peux travailler maintenant?
Ma mère est partie en direction de la chambre de mon frère, il a pas fallu lui dire deux fois à la pauvre. Je me suis tournée vers mes devoirs, mais mon esprit était ailleurs. Cette conversation m'avait fait réaliser quelque chose. Lucas et Ysa était ensemble. Ils sortaient ensemble. Cela signifiait donc qu'ils avaient déjà embrassé quelqu'un pour de vrai! Et pas moi! Mince, il allait falloir que je remédie à cela, et vite! Déjà que ça allait être de moins en moins simple avec eux deux, vu que ça devient sérieux, alors si en plus je ne peux même pas dire que je sais de quoi ils parlent... Non, non! Il faut que je me trouve un garçon!
Et puis je me suis demandé... est-ce qu'ils ont déjà... mince! Ca je peux pas le faire comme bon me semble. C'est que c'est sérieux comme affaire. Il allait falloir que j'en parle avec Ysaline.

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C'est d'ailleurs à cette époque qu'on a commencé à être plus proches, elle et moi. Enfin, elle comprenait que je n'avais pas de vue sur Lucas, et donc, on a pu être de véritables amies, qui se confient tout. Le pauvre Lucas se sentait parfois même exclu, il a fallu qu'il se trouve des copains pour lutter contre le commérage de filles.
Mes devoirs finis, mon frère en train de jouer dans sa chambre et mes parents papotant dans la cuisine de prénoms de bébé, je suis allée m'installer devant la télé. J'ai zappé quelques minutes, mais comme c'était le journal télévisé partout, je me suis fixée sur un.
J'ai augmenté le son, le journaliste parlait de quelque chose qui se déroulait apparemment dans le quartier:
"Il y a quelques années de cela, on vous avait appris la venue de quelques membres d'un peuple jusqu'alors inconnu: les elfes. En effet, après la découverte de leur lieu d'habitation, ayant pour propriété de rendre immortel, bon nombre de nos concitoyens sont partis dans ce monde. Les autorités avaient alors mis en garde ces personnes, décidant finalement d'interdire l'accès à cette contrée inconnue. Mais une famille d'elfes, composé d'un seul membre de cette espèce, est venue vivre dans le village de Miothis, non loin de la ville de SimCity.

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Aujourd'hui, après avoir suivi un enseignement à domicile, la fille aînée de cette famille va entrer dans le lycée de la région, et faire ses premiers pas dans une de nos écoles. Nous avons essayé d'interroger ses parents, mais ils ont refusé catégoriquement. Nous avons néanmoins pu récolter quelques informations auprès des voisins de cette famille. Un reportage de Stéphanie Deville."
Ensuite, quelques personnes racontaient des trucs sur eux, et j'ai appris que c'est dans mon futur lycée que cette fille allait venir! Mes parents ne m'avaient jamais parlé de cette affaire, là encore ils avaient fait des mystères, mais cette fois, je n'allais pas laisser passer!
Je suis allée dans la cuisine, interrompant leurs petites disputes sur les prénoms.
- Alors comme ça, y a des elfes dans le quartier, et vous ne me dites rien!
Ils se regardèrent, interloqués.

65

- Des elfes? reprirent-ils en coeur, et c'était trop synchro pour être vrai.
- Oui, ne faites pas les innocents! Pourquoi n'avez-vous rien dit? C'est quoi encore ce mystère à la noix?
- Mais Naëlle, nous n'en savions rien, me dit mon père. On est arrivés ici il n'y a pas si longtemps, je n'avais jamais entendu parler de ça.
- Bon... eh bien, il y a une famille qui habite ici. Il parait qu'il n'y en a qu'un qui est elfe là-dedans. Et leur fille va entrer dans mon lycée! En même temps que moi! Je parie que tout le monde va l'ennuyer! Si c'est le cas, je serai la première à aller la trouver pour qu'elle vienne avec nous si elle en a envie.
- C'est généreux de ta part ma Naëlle. Il serait temps que tu ailles au lit maintenant, non?
- Tu rigoles, tu as vu l'heure?? C'est Guillaume qui doit y aller, pas moi! J'ai 15 ans, pas 3!
- Bon... bon. Mademoiselle a dit! Mais tu ne vas pas dormir trop tard, d'accord?
- Ben... vous allez où?
- Nous on va dans notre chambre, alors à demain. Mais n'oublie pas que tu rentres à l'école dans deux jours!
- Mais oui!

66

Ils sont montés et j'ai enfin eu la paix. Y avait justement un film que j'avais envie de regarder à la télé.
"Harry Potter?"
Ah ah... très drôle! Non pas Harry Potter! Je sais plus comment il s'appelle! Enfin bref, je l'ai regardé puis je suis montée. J'ai mis un pyjama puis je suis allée dans mon lit, mais j'ai mis un temps bête à m'endormir, je pensais à Lucas et Ysaline, et ça me perturbait.
C'est pourquoi le lendemain, j'ai téléphoné à Ysa pour qu'elle vienne chez moi.
- Allô?
- Ysa? C'est Naëlle!
- Ah salut, ça va?
- Oui. Dis, t'aurais pas envie de venir un peu chez moi? Histoire de profiter des derniers jours de vacances?
- Ok, j'arrive... le temps de me préparer!
- Oh... alors je peux bien compter une heure avant que t'arrives!
- Eh ça va hein! dit-elle juste avant de raccrocher.
Elle mettait toujours un temps fou pour s'apprêter. C'est vrai qu'en général, les filles mettent plus de temps que les garçons, mais elle, c'était pire que tout.

18 juin 2006

Mise à jour du 03-07-06 (2)

534

Qu'est-ce que je m'amusais bien avec eux. Même si je sens bien qu'Ysaline est toujours un peu jalouse, je me dis que ça va s'arranger, elle va bien voir au fil du temps que je ne veux pas lui voler Lucas, que je suis juste leur amie à tous les deux.
Ils étaient amoureux, enfin, ils s'aimaient bien quoi. Je n'allais pas voler l'amoureux de mon amie. En plus, je n'aimais pas Lucas comme amoureux, je l'aimais comme ami. Elle va comprendre que je suis amie avec lui comme je suis amie avec elle.
J'étais heureuse d'avoir trouvé des copains comme eux. En plus, c'est eux qui sont venus vers moi, je n'avais rien demandé, je ne les ai pas choisi, mais ils me conviennent parfaitement.
Je crois bien qu'Ysaline a vu une menace en me voyant arriver, parce qu'elle était la seule à être amie avec Lucas, elle était la seule fille alors elle était contente. Elle pensait sans doute que j'allais prendre sa place, mais après tout, on peut former un groupe de trois non?
"Ca ne marche pas toujours les groupes de trois, mais parfois  ça va bien quand même. Je suis sûre que vous y arriverez très bien."

543

J'espère. Enfin, les voilà au courant, je n'avais plus qu'à attendre de leurs nouvelles et à m'entraîner pour retourner dans le bureau. J'avais un peu peur. Je n'avais pas l'habitude de faire des choses que je ne peux pas. Mais mince, ils arrêtent pas de me cacher des choses, alors zut! Je suis plus une gamine, j'ai le droit d'en savoir un peu plus quand même. Mais eux ils me prennent pour une petite fille encore.
Pendant la nuit, j'ai fait mon premier test. J'ai été dans la cuisine, ils ont rien entendu, enfin je crois. On verra demain matin s'ils me disent quelque chose. J'espère au moins que mon frère ne dira rien s'il m'entend, il est capable de me balancer l'idiot!
De leur côté, Lucas et Ysaline m'expliquèrent qu'ils n'avaient rien trouvé dans les livres chez eux. J'étais pas avancée. Je ne savais rien, je m'entraînais toujours pendant la nuit, mes parents ne voyaient rien, mais j'avais vraiment trop peur d'être prise sur le fait une fois que j'irais au bureau. Vu comme mon papa m'avait grondée, c'était à mon avis vraiment interdit, alors il fallait que je réussisse!
Puis mon anniversaire est arrivé. Pour ne pas éveiller les soupçons, je n'ai demandé que des livres et des DVD, pas de questions, pas de sous-entendus. Au moins, j'ai plus de chance de ne pas me faire prendre. S'ils voient que j'abandonne un peu l'affaire, comme me l'a conseillé Lucas, ils n'auront plus de soupçons et ne se méfieront plus de moi à ce sujet-là.

553

Je n'ai rien fait de spécial pour mon anniversaire, il y avait juste ma famille. Pour une fois, ils étaient là tous les deux, mes parents, je n'allais pas m'en plaindre.
Et puis, grande nouveauté dans ma vie, je suis entrée au collège! Changement d'école, heureusement avec mes deux amis. Tout s'est bien passé, et on a un peu oublié toute cette histoire. J'ai quand même tenté mon coup dans le bureau, j'ai feuilleté des livres, j'ai comparé, mais je ne comprenais vraiment rien. Je ne savais pas lire cette écriture, et puis on voyait vraiment très mal. C'était comme... transparent. En plus, j'étais dans le noir, avec une petite lampe de poche.
Puis, tout à coup, j'ai vu, au hasard, en passant la lampe d'une certaine façon, que quand on mettait la lampe de l'autre côté de la feuille, on pouvait tout lire! On voyait tout, et très bien! Mais je ne comprenais toujours rien. J'étais déçue.
J'en ai parlé à Lucas et Ysaline, mais ils ne savaient pas plus que moi. Et je crois qu'ils commençaient à en avoir marre les pauvres. C'est vrai, ils ne vivaient pas avec mes parents et ne voyaient pas leur comportement bizarre. Et on n'en savait pas plus. Je n'ai plus surpris une conversation entre mes parents, bref, rien de nouveau. Moi j'étais toujours curieuse, mais pour le bien de mes amis, pour notre relation que je ne voulais pas gâcher, j'ai mis cette affaire de côté.

562

De toute façon, plus rien ne bougeait, alors peut-être que j'avais tout inventé. Peut-être que ces inscriptions dans les livres n'étaient que des notes prises au hasard, et il se pouvait très bien que mes parents ne soient pas au courant.
J'ai essayé de me convaincre de tout cela pendant les quelques années où nous sommes passés à autre chose avec Lucas et Ysaline. Mais une petit voix au fond de moi me disait toujours: "Mais alors, pourquoi ne veulent-ils pas que tu ailles dans le bureau? Et pourquoi ont-ils parlé de Lucas et de toi de cette façon? Pourquoi ces regards?"
Toutes ces questions ont été rangées dans un tiroir, mais elles étaient toujours présentes. Je ne les avais pas oubliées. Peut-être que j'attendais un nouvel indice pour me relancer dans une espèce d'enquête. Simplement pour ne pas me sentir folle et seule, il me fallait quelque chose de neuf.
Ce quelque chose de neuf, je l'ai eu le jour de mes 15 ans, à quelques jours de mon entrée au lycée...

18 juin 2006

Mise à jour du 03-07-06

Mise à jour du 03 juillet 2006

444

Bon, je vais regarder dans un autre, pour voir s'il y a d'autres choses. Au hasard... Celui-là! Regarde, il y a la même chose! Celui-là aussi... et encore celui-là!
"On dirait qu'il y a ça dans tous. C'est bizarre. Je me demande ce que c'est."
Moi aussi! Je comprends pas très bien ce que...
- Naëlle?
Mince! C'est maman, elle est déjà là? Viiiite, faut que je range!
- Naëlle? Tu es où ma puce?
- J'arrive! Je suis dans le salon.
Ouf! A temps!
- Tu faisais quoi ma chérie?
- Je m'étais endormie et tu m'as réveillée. J'ai eu peur.
- Oh pardon. Il pleut, on va faire tes devoirs?
- Ouais, d'accord.
- Oui, pas ouais.
Oh zut, j'avais pas eu le temps de comprendre ce que c'était! Et maintenant, je pourrai plus y aller, ils vont jamais m'en laisser l'occasion, tu peux en être sûre!
On est donc allée faire mes devoirs, en plus j'avais rien à demander, ils étaient super faciles, alors j'ai encore du inventer quelque chose que je comprenais pas soi-disant. Je vais finir pas être une super menteuse!

454

Il fallait absolument que j'en parle à Ysaline et Lucas! Peut-être qu'ils pourraient m'aider. Et puis de toute façon je n'aimais pas d'être la seule à savoir comme ça. Il fallait que je le dise à quelqu'un!
Le week-end touchait à sa fin, ma maman allait partir, mon papa venait de revenir. Pour une fois, je lui ai posé des questions sur son travail, mais il est resté très vague.
- Alors, tu as fait quoi pendant tout un week-end? demandai-je.
- J'ai travaillé ma puce.
- Oui mais tu as fait quoi? Je sais même pas ce que tu fais!
- C'est vrai, parce que c'est un peu compliqué pour une petite fille comme toi.
- Je suis plus si petite!
- Toujours un peu trop petite pour comprendre tout ça. Tu verras, sois patiente, et un jour, tout cela te sera expliqué.
Il était bizarre. Depuis Noël, ils étaient bizarre tous les deux. En fait, depuis que j'avais fait ce rêve où ils étaient morts. J'avais l'impression qu'ils me cachaient des choses. Enfin, avec ce que j'avais vu dans les livres, chose qu'ils ne voulaient pas que je vois puisqu'ils ne voulaient pas que j'aille dans le bureau, j'étais certaine qu'ils me cachaient quelque chose.

463

Mais si ça se trouve, ils ne savaient même pas ce que c'était. Peut-être qu'ils ont découvert ça comme moi, qu'ils ne savent pas ce que ça veut dire. Alors ils ne veulent pas qu'on le voit parce que ça leur fait peur, ou parce que c'est dangereux. Je ne sais pas. C'était un mystère qu'il fallait que je découvre vite. Je n'aime pas qu'on me cache des choses, et puis je suis très curieuse, j'aime bien découvrir les secrets, j'adore les livres où il y a un mystère à percer. Ben là, j'avais l'impression que c'était ma vie qui était un mystère.
Je ne pouvais pas en parler à mon frère en tout cas. Il est encore plus petit que moi, et je suis sûre qu'il aurait pas su garder le secret. Il est trop bavard, trop petit pour comprendre que les parents ne voudront rien nous dire et qu'il faut découvrir par nous-mêmes.
"Tu crois vraiment que c'est un secret si lourd Naëlle? C'est peut-être simplement quelque chose qui ne te regarde pas. C'est peut-être quelque chose entre eux que tu ne dois pas savoir."
Oui peut-être. Mais je me demande s'il y a un lien entre leur discussion sur Lucas et moi et ce qu'il y a dans les livres. Je n'ai rien compris, alors je ne pourrais pas le savoir.

474

- Naëlle, tu vas demander quoi pour ton anniversaire? me demanda mon petit frère qui m'avait fait super peur en arrivant. J'étais plongée dans mes pensées, je l'avais pas entendu.
- Euh... je sais pas pourquoi?
- Ben parce que c'est bientôt!
- Dans deux semaines Guillaume!
- Oui mais tu vas rentrer au collège aussi!
- Je sais! Pourquoi tu viens m'embêter? Je réfléchis là!
- A quoi?
- Oh laisse moi tranquille! Vas jouer!
- T'es amoureuse?
- Oh mais t'es bête! Vas-t'en!
- Si tu le dis pas, c'est que c'est vrai!
Qu'est-ce qu'il pouvait être bête tout de même! Est-ce que tous les garçons sont comme ça? En tout cas, ils sont trop compliqués pour moi. Heureusement, il est enfin parti!
Quand j'y pense, c'est vrai que c'est bientôt mon anniversaire. Je n'y avais pas fait attention. Je ne sais pas ce que je vais demander. Je n'ai pas très envie d'un objet. J'en ai déjà plein. Je pourrais peut-être demander des réponses à mes questions! Non, ils voudront pas, va falloir que je me débrouille toute seule.

483

Enfin, j'étais contente d'aller à l'école, parce que je voulais raconter ce que j'avais vu dans les livres à Ysaline et surtout Lucas. Ils en avaient peut-être marre que je leur parle de ça, mais ils étaient les seuls à qui je pouvais me confier. En plus, Lucas était concerné, je crois du moins. Il fallait bien qu'il cherche avec moi. De toute façon, ils sont aussi curieux que moi, alors j'étais sûre qu'ils seraient contents d'en apprendre plus, comme moi. Et puis peut-être aussi qu'ils penseront à des trucs auxquels je ne pense pas forcément. Ils ont des frères et soeurs, dont des plus âgés, peut-être que ça pourrait nous aider.
- Alors, qu'est-ce que tu avais de si important à nous dire? demanda Ysaline.
J'avais l'impression de l'embêter quand même avec mes histoires, peut-être qu'elle était encore jalouse, elle croyait peut-être que je voulais avoir Lucas et que j'inventais tout ça, mais ce n'était pas le cas. Alors je lui ai dit, puisque Lucas n'était pas encore là.
- Ben j'ai découvert des choses chez moi mais on va attendre Lucas. D'abord, je voulais te dire de pas être jalouse de moi. Je vais pas te le voler.
- Qui?
- Lucas! Je suis sûre que tu crois que je dis tout ça pour l'avoir comme amoureux. Mais je ne veux pas.
- D'accord, je te crois. Mais tu me le dirais si tu étais amoureuse de lui?
- Oui! Mais ça n'arrivera pas! Je vais pas te le voler, et puis de toute façon, je trouve que Thomas est plus beau, dis-je en riant.
- Moi je trouve que c'est Lucas le plus beau!

493

A ce moment-là, il est arrivé, et je crois qu'il a entendu ce que Ysaline venait de dire parce qu'il avait un sourire jusqu'aux oreilles!
- Alors tu me trouves beau? dit-il en faisant comme ces garçons à la télé, que toutes les filles trouvent beaux et qui se croient les meilleurs du monde!
La pauvre Ysaline est devenue rouge pivoine, moi j'ai pas pu me retenir de rire. Elle avait pas l'air très contente, mais vous auriez vu sa tête, c'était trop marrant.
- De toute façon, je dois vous parler de quelque chose, dis-je pour essayer de rattraper le coup.
- Oui, elle a un truc à nous dire! renchérit Ysaline pour changer complètement de sujet.
- Alors voilà, chez moi, j'ai réussi à aller dans le bureau quand mon papa n'était pas là ce week-end, et quand ma maman travaillait dehors. J'ai regardé dans un livre, au départ je voyais rien, puis tout à coup, j'ai remarqué quelque chose, un truc écrit, mais c'était pas très lisible justement. Juste quelques marques. Alors j'ai pris un autre, puis encore un autre, et de temps en temps, j'apercevais des marques du même genre. Je ne sais pas du tout ce que ça veut dire. Ca n'a pas l'air d'être la même langue que nous. En tout cas, c'est pas des lettres comme à l'école. J'ai vraiment envie de savoir ce que c'est, mais je ne vois pas comment je pourrais comprendre. Je n'oserais jamais demander à mes parents. Je ne pourrai pas non plus retourner au bureau, mon papa sera là cette semaine, je suis sûre qu'il va me surveiller, puisqu'il sait que je suis curieuse et qu'il m'a interdit d'y aller.

502

- On pourrait regarder dans les livres chez Ysaline ou chez moi, dit Lucas.
- Oui, peut-être qu'il y a ça chez nous aussi. Enfin moi je vais jamais voir les livres à la maison, je regarde que ceux qui sont dans ma chambre, pas ceux de mes parents.
- Moi non plus, répondit Lucas.
- Bon, alors peut-être que dans ceux de vos parents, il y a la même chose, dis-je. Je ne sais pas. S'il y a la même chose, alors on demandera tous à nos parents ce que c'est, mais s'il n'y a que les miens qui ont ça... alors c'est bizarre. En même temps, ils sont bizarres depuis Noël mes parents. Ils me cachent quelque chose, j'en suis presque sûre.
- Et tu crois que ça a un rapport avec quoi? me demanda Lucas.
- Je ne sais pas. Vous vous souvenez la conversation que j'avais surprise? Eh bien je ne sais même pas si ça a un rapport avec ça ou pas, ce que j'ai vu dans les livres. Je vous jure, c'est trop bizarre comme écriture. Et puis il m'a semblé qu'il y avait deux sortes d'écriture, mais je n'en suis vraiment pas certaine, on ne voyait pas bien, et je ne suis pas restée longtemps, ma maman est rentrée assez vite. J'ai eu chaud, si elle était rentrée par l'autre porte, elle m'aurait vue.
- Alors il faut que tu sois plus discrète Naëlle, me conseilla Lucas. Peut-être que tu pourrais y aller pendant la nuit!

515

- Pendant la nuit? Mais je n'oserais pas! S'ils me trouvent, qu'est-ce que je vais dire?
- Bah et s'ils te trouvent pendant la journée, ce sera pareil! Et la nuit, ils dorment, tu as moins de chance de te faire prendre qu'en pleine journée quand tes parents bougent et vont d'une pièce à l'autre.
- Je ne sais pas si j'oserais.
- Mais si, fais pas la trouillarde, me lança Ysaline sur un air de défi.
- Oh ben c'est facile pour vous de dire ça, vous pouvez aller dans le bureau quand vous voulez!
- Oui, mais si tu veux essayer de comprendre, c'est la seule solution possible!
- Bon, j'essayerai.
- Tu sais, tu devrais t'entraîner un peu avant, me dit Lucas.
- Comment?
- Eh ben pendant la nuit, pas toutes les nuits sinon ils vont se poser des questions, mais quelques nuits par semaine, tu descends, tu vas boire un verre d'eau à la cuisine, ou bien tu vas aux toilettes. S'ils se réveillent pas, c'est bon signe. Et s'ils se réveillent, au moins tu as une excuse!
- Tu as déjà essayé que tu dis ça? demanda Ysaline, surprise par les astuces de son amoureux.

524

- Ben oui, j'ai déjà essayé.
- Pourquoi? Tu voulais faire quoi?
- J'ai...
- Ben quoi, fais pas le gêné!
- J'ai volé un peu d'argent à ma mère, dit-il, vraiment mal à l'aise.
Il volait de l'argent? C'était vraiment pas bien ça!
- Tu as volé de l'argent à ta maman? demandai-je, un peu déçue par son attitude.
- Oui, mais... c'était pour ma petite soeur!
- Pourquoi?
- Ben une fois, elle est venue près de moi en pleurant, elle m'a dit que les autres s'étaient moqués d'elle parce qu'elle avait pas le jeu à la mode, vous savez, ces petits cartons qu'on lance?
- Oui.
- Eh ben donc, j'ai volé de l'argent pour lui en acheter quelques-uns au magasin. Depuis, elle en a tout plein parce qu'elle arrête pas de gagner. Et moi, avec l'argent que j'ai reçu à mon anniversaire l'année passée, ben j'ai remis ce que j'avais volé à ma maman après. Elle a pas compris où étaient passés ses sous, ni comment un jour elle s'est retrouvé avec quelques pièces en plus, mais elle ne m'a jamais rien demandé, ni à ma soeur, qui n'est même pas au courant. Je l'ai même entendue dire à mon père que si l'argent commençait à pousser dans son portefeuille, elle allait pas s'en plaindre. Moi j'étais mort de rire quand j'ai entendu ça.
- Heureusement que tu lui as rendu, dis-je.
- Ben oui, je vais pas lui voler des sous quand même.
- Et elle a même pas compris que les sous qui sont apparus un jour étaient ceux qui avaient disparus? demanda Ysaline.
- Non, parce que je les ai pas remis tout de suite, pour qu'elle s'en souvienne pas.
- T'est trop fort toi! Tu devrais faire braqueur de banques plus tard! dit Ysaline en rigolant. Sauf que tu gagnerais pas beaucoup de sous si tu les remets à chaque fois après!
On était tous les trois morts de rire.

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2 juin 2006

Mise à jour du 03-06-06 (2)

402

Après ça, c'était enfin le soir! Maman est revenue comme promis avec des pizzas! Et on s'est tous installés devant la télé. J'adore quand on regarde tous ensemble quelque chose.
En plus là, c'était vraiment trop bien. Moi contre ma maman, et mon frère à côté, on est restés tard quand même. Et puis est venue comme d'habitude le moment que j'aime le moins, celui où on est obligé d'aller dormir. D'abord, moi, je suis même pas fatiguée, pourquoi je devrais aller dormir quand je suis pas fatiguée? C'est comme manger quand on n'a pas faim, ça sert à rien! Mais ça, même si je le dis à mes parents, ils s'en foutent, et je suis quand même obligée d'y aller.
Dans mon lit, j'ai réfléchi... Comment je vais faire pour aller dans le bureau? Mais en fait, je me souviens! Papa, il part ce week-end, et ma maman sera sûrement occupée à faire quelque chose après qu'on ai été en ville. Donc, à ce moment-là, je pourrai y aller. Mais il faudra que je me dépêche, parce que je suis sûre que si papa ne veut pas que j'y aille, maman non plus. Ils cachent quelque chose, et même si je ne devrais pas le savoir, moi, je veux le savoir! Alors je le saurai, na! Et puis d'abord, ils sont pas très discrets. Si vraiment ils voulaient pas que j'aille dans le bureau, ils fermeraient à clé non?
Bon, maintenant, je suis fatiguée, à force de réfléchir... Bonne nuit!
"Bonne nuit Naëlle."

416

Aujourd'hui, on est donc samedi. On va aller faire les magasins avec maman, je me demande si elle va m'acheter quelque chose... j'aimerais bien mais parfois, on y va et elle veut rien acheter.
Là, on est allées dans un magasin de vêtements. Moi je croyais qu'on allait aller dans d'autres magasins, j'étais déçue. Mais elle m'a dit qu'elle avait pas trop le temps... toujours la même chose. Il faut qu'elle travaille! Je comprends pas, ils travaillent déjà presque tout le temps, pourquoi quand ils travaillent pas, ils doivent quand même encore travailler? C'est pas juste! Lucas et Ysaline, eux, ont des parents qui travaillent moins, qui sont là quand ils doivent être là et qui font pas de mystères comme les miens!
Enfin bon, après quelques achats pour elle, et un peu pour moi, on est rentrées. Je devais aller dans le bureau mais j'avais un peu peur... Si jamais ma maman me voyait... je crois qu'elle me tuerait! Déjà, il faut qu'elle s'occupe, et pas dans le bureau! Si elle doit travailler, c'est peut-être là...
Alors pour voir ce qu'elle faisait et si le champ était libre, j'ai été devant la télé, c'est juste à côté du bureau. Chouette!
"Quoi?"
Elle va aller dans le jardin!

424

- Naëlle, je vais me changer et m'occuper un peu du jardin, tu vas faire quoi?
- Regarder la télé.
- Et tes devoirs?
Minceeeee!! J'y avais pas pensé à ceux-là!
- Je les ferai plus tard d'accord?
- Pourquoi pas maintenant? Ce sera fait comme ça.
- Oui mais euh... j'ai besoin d'aide, et toi tu vas dans le jardin!
- Bon, alors dès que j'ai fini, on regarde ça ensemble.
- D'accord! Tu en as pour longtemps?
- Un moment. On fera tes devoirs juste avant le goûter d'accord?
- Oui.

435

Génial!! Je vais avoir le temps!
"Et ton petit frère? Il est où? Vu qu'il a la langue bien pendue, tu devrais faire attention à ce qu'il ne te voit pas..."
Ah oui! C'est vrai! Rhoo, où est-ce qu'il est lui?
- Guillaume??
- Quoi?
- T'es où?
- Dans ma chambre...
- Tu fais quoi?
- Ben je joue pourquoi?
- Comme ça!
- Mais si pourquoi?
- Pour rien, je me demandais où tu étais!
Bon! J'espère qu'il va pas descendre maintenant! Vite, dans le bureau! Alors... de toute façon, il n'y a que des livres, et l'ordinateur. L'ordi, ça prendrait trop de temps pour l'allumer! Et puis je comprends rien là-dessus moi. Et les livres... y en a beaucoup, comment je vais faire?
"Prends-en un au hasard, c'est toujours ce qui marche le mieux."
D'accord. Celui-là! Il n'y a rien de spécial dans ce livre, et je comprends déjà rien au titre! "Neurologie de l'enfant". Ca veut dire quoi ça?
"C'est des sciences."
Pourquoi ils ont ça dans leurs livres?
"Ils en ont peut-être besoin pour leur travail, on ne sait pas très bien ce qu'ils font après tout."
Bon, je vais re... eh! C'est quoi ça?

2 juin 2006

Mise à jour du 03-06-06

Mise à jour du 03 juin 2006

295

Le lendemain, ils m'ont même pas grondée! Moi qui croyais que j'allais avoir une grosse dispute, eh ben non! Enfin, de toute façon, tant mieux, et j'étais contente de retourner à l'école pour retrouver Lucas et Ysaline!
Mais je voulais savoir! Pourquoi papa et maman parlaient de ça? Pourquoi ils disaient toutes ces choses bizarres? Je ne comprenais absolument rien. Alors j'ai expliqué à Lucas et Ysaline. Peut-être qu'ils ont déjà eu ça une fois avec leurs parents. Et puis ils ont des frères et soeurs plus grands, alors peut-être qu'ils leur ont dit.
Je leur ai donc raconté la conversation que j'ai entendue.
- Alors, vous en pensez quoi? Vous croyez qu'ils mijotent quelque chose, ou qu'ils parlaient simplement comme ça?
- Moi, dit Ysaline, j'ai jamais entendu mes parents dire ça. Mais avec ma grande soeur, qui a un amoureux, ils arrêtent pas de dire que ce sera jamais le bon.
- Le bon quoi? demanda Lucas.
Il avait rien compris à mon avis lui! En plus, ça parlait de lui cette conversation. Alors il devait comprendre!
- Le bon amoureux, lui expliqua Ysaline. Ta maman et ton papa ont sûrement eu d'autres amoureux avant de se rencontrer, mais ton papa était le bon amoureux pour ta maman, et ta maman était la bonne amoureuse pour ton papa! Eh ben ma soeur, mes parents ils disent que son amoureux c'est pas le bon. Ils l'aiment pas.

304

- Ben moi, ma soeur, elle a pas d'amoureux, répondit Lucas.
- Ben mon frère non plus, dis-je, il est trop petit!
- Ben quoi? On peut avoir une amoureuse même quand on est petit! Moi j'ai déjà eu une amoureuse!
- Qui? demanda aussitôt ma nouvelle amie.
- Tu la connais pas!
Et là, Ysaline a boudé! Je crois bien qu'elle est amoureuse de Lucas, faudra que je lui demande! Elle est partie, alors je me suis retrouvée toute seule avec Lucas. J'en ai profité pour lui demander s'il était amoureux d'elle!
- Et toi, tu es amoureux de qui?
- De personne, pourquoi?
- T'es pas amoureux d'elle?

319

Il est devenu tout rouge! J'ai trop rigolé! S'il rougissait, c'est qu'il l'aimait bien!
- Te moque pas, c'est pas drôle...
- Mais si, tu es amoureux, c'est pas grave! Ils sont amoureux, ils sont amoureux!
- Arrête de crier! C'est même pas vrai d'abord! Elle m'aime pas elle.
- Ben si!
- Ben pourquoi?
- Parce que si elle est partie, c'est parce qu'elle était pas contente parce que tu parlais d'une autre fille! Elle est jalouse!
- Tu crois?
- Ben oui!
- Et toi alors? Tu es amoureuse de qui?
- De personne. Je connais personne encore ici.
- Menteuse! Je suis sûr que tu es amoureuse de Thomas!
- Non, je l'aime bien, mais je suis pas amoureuse!
- Alors pourquoi tu le regardes tout le temps?
- Ben parce que c'est mon ami. Et puis d'abord c'est toi qui es amoureux!
- Tu le diras pas hein?
- A Ysaline?
- Aux autres.
- D'accord, promis! Ce sera notre secret!

324

Après, j'ai été près d'Ysaline pour savoir si elle l'aimait aussi. Mais j'en étais presque sûre. J'étais contente, c'était chouette qu'ils s'aiment, mais j'espérais qu'ils allaient pas me laisser toute seule.
- Tu fais quoi?
- Rien.
- Tu es amoureuse de lui!
- Ben... un peu.
- Lui aussi! Alors arrête de bouder. C'est mieux quand vous vous entendez!
- D'accord, mais qu'il arrête de dire qu'il aime une autre fille alors.
- C'était avant de toute façon.
- Bon d'accord.
On est retournées près de Lucas, et tout le reste de la récré, on a joué ensemble, on s'est bien amusé! Après, on est rentrés en classe, mais c'était gai, on a fait un jeu.
Le soir, quand je suis rentrée, mes parents étaient tous les deux là! J'étais trop contente. Ils n'étaient même pas fâchés pour hier soir.

336

- Bonjour ma Naëlle, tu as passé une bonne journée?
- Oui! Je me suis bien amusée! Et tu sais quoi? Lucas et Ysaline sont amoureux! C'est cool hein?
Et là, ils se sont regardés tous les deux et ils ont fait une drôle de tête. Puis mon petit frère est arrivé pour le dîner, alors ils ont parlé d'autre chose. Ca m'énerve, je veux savoir ce qui se passe!
- Naëlle, si tu veux, ce week-end, je ne travaille pas, on ira faire les magasins, m'a dit maman.
- Oh oui!!! Chouette! Tu viendras avec papa?
- Non, je ne peux pas ma puce, je dois travailler, ce week-end, mais profite de ta maman. La semaine prochaine, c'est moi qui serai là, et maman partira.
Pfff, encore devoir partager et choisir entre eux deux. J'avais envie qu'ils viennent tous les deux moi!
- Pourquoi vous êtes jamais tous les deux là?
- C'est vrai, moi aussi j'aimerais bien, dit mon frère.
Ils se sont encore regardés avec une tête bizarre. J'aime pas quand ils font ça!
- Et puis arrêtez de vous regarder sans rien nous dire!
Là, je crois qu'ils ont été surpris. C'est moi qu'ils ont regardé, mais je comprends rien, parce que normalement, ils auraient dû être fâchés que je réponde comme ça. Mais là, ils souriaient.

343

- Ecoutez, ne faites pas les gamins. Vous savez bien que c'est pour notre travail, et on fait déjà notre possible pour qu'un de nous soit toujours là avec vous. Et puis pour le moment, nous avons des choses très importantes au travail.
- Et pourquoi vous parliez de Lucas hier? demandai-je.
- Naëlle, tu n'étais pas censée écouter aux portes, dit mon papa. On parlait de Lucas juste comme ça, parce que tu nous en avais parlé et que tu étais contente.
- Allez, on mange maintenant, dit maman.
Moi je boudais, j'ai rien dit pendant le repas. J'aime pas quand on me cache des choses! Mes parents faisaient comme si rien n'était...
- Naëlle, il faudrait que tu nous en dises un peu plus sur ce Lucas, et Ysaline aussi. Ils sont vraiment amoureux?
- Qu'est-ce que ça peut bien faire? que j'ai dit sur un ton boudeur.
- Naëlle, arrête de bouder et de répondre comme ça à ta mère. Si on te pose la question, c'est qu'on veut connaître la réponse.
- Oui ils sont amoureux! Et c'est bien d'ailleurs!
- Pourquoi? demanda maman.

353

- Parce que comme ça ils s'entendent bien, et moi j'aime bien quand ils sont copains.
- Mais ils vont te laisser toute seule pour faire des choses, a dit mon petit frère en rigolant comme un fou.
Alors là, c'est papa qui était pas content! Moi ça m'a fait rire, mais pas lui on dirait.
- Et de quoi veux-tu parler jeune homme?
- Ben, tu sais, comme toi et maman...
J'étais morte de rire! La tête de papa! On dirait qu'il croit qu'on sait pas comment on fait les bébés! Moi je le sais parce que Lucas me l'a dit, et je l'ai dit à mon petit frère. Il était dégoûté, mais maintenant, il pense plus qu'à ça! Je me demande si c'est normal... j'aurais peut-être pas dû lui dire après tout...
- Dis donc, comment tu sais tout ça toi?
Oups, j'espère qu'il va pas...
- C'est Naëlle qui me l'a dit!
- Naëlle! Et d'où sors-tu tout ça toi?
- Ben... je l'ai appris à l'école.
- Par qui?
- Par euh... la maîtresse...
- Ca, j'en doute! Qui t'a dit ça?
- Ben... Lucas.

364

Grrrrrrr, devinez ce qu'ils ont fait! Dans le mille! Encore un des ces regards qui en dit long pour ceux qui captent quelque chose! Pas moi, évidemment!
- Bon... il faudra qu'on éclaircisse certaines choses vous deux. Je n'ai pas envie que vous croyiez des sottises.
- Tu vas nous expliquer? demanda mon frère.
- Oui, mais pas maintenant, pas à table, et pas aujourd'hui d'ailleurs.
- Pourquoi??
- Parce que vous allez bientôt aller au lit! D'ailleurs, dès que vous avez fini, vous allez prendre votre bain, et en pyjama.
- Oh maman, y a Harry Potter à la télé aujourd'hui! On peut regarder dis??
Harry Potter, j'adoooooore! En plus, je le trouve trop beau! Et puis il est courageux et intelligent et il sait aussi...
"Naëlle... je crois qu'on a compris."
Bon d'accord!
- Ca dure jusque quelle heure ça?
- Je sais pas!
- Ca se termine tard, dit maman. Je vais vous l'enregistrer, et demain, on commencera à regarder plus tôt. Je commanderai des pizzas, on est d'accord?
- Ouais!!!!!!!! Merci maman!!

373

Ah j'étais trop contente, et j'avais envie d'être demain déjà!!! Mais pour le moment, on était qu'aujourd'hui. Alors on a été prendre notre bain, et puis on s'est mis en pyjama, et on a un peu traîné avec maman et papa dans le salon. On évitait la 4 pour pas passer sur Harry Potter, parce que si on commençait, on n'aurait pas su s'arrêter.
Et puis évidemment, on a du aller dormir. C'est même pas juste, mon frère peut aller dormir aussi tard que moi... ou bien c'est moi qui dois aller aussi tôt que lui? Je sais pas, mais c'est pas juste en tout cas!
- Allez les enfants, au lit maintenant.
- M'man, la danse des pingouins?
- Non, pas ce soir ma Naëlle, il est tard déjà, et je suis fatiguée.
Pfff, même pas drôle! Bon, je vais me coucher.

384

Le lendemain, on est partis pour l'école, mais y a rien qui s'est passé de spécial. Les deux sont toujours amoureux, et heureusement pour moi, ils ne vont pas se cacher dans les toilettes pour se faire des bisous. Ils font comme avant, rien de plus, rien de moins. Et je suis toujours leur amie.
Mais la journée est passée trop lentement... pffff, moi je ne voulais qu'une chose, être au soir! Mais évidemment, le temps s'est arrêté un million de fois! Même pas juste!
Et puis enfin!!! Je suis rentrée à la maison... Mais il fallait encore attendre. Il n'était que 16h. Mon papa était là, et il a commencé à préparer le goûter. Alors j'ai été dans le salon, et puis comme il n'y avait rien à la télé, j'ai été dans le bureau. Vous savez quoi? C'est la première fois que j'y vais. Enfin, j'ai peut-être été quand j'étais petite, je sais pas, mais de ce que je me souviens, c'est la première fois.
Mon papa est arrivé pour me dire que le goûter était prêt, et quand il a vu que j'étais dans le bureau, il a pas été content du tout! Décidemment, je comprends vraiment rien moi...
- Naëlle! Que fais-tu là?
- Ben rien, je venais voir...

396

- Voir quoi?
- Ben je sais pas, y avait rien à la télé, alors je voulais regarder les livres...
- Il n'y a rien pour toi là-dedans! Tu ne viens plus dans le bureau, il n'y a rien d'intéressant pour une fille de ton âge!
- Mais je... je pouvais pas savoir...
Pourquoi il me criait dessus, j'ai rien fait moi...
- Excuse-moi ma puce, c'est vrai. Mais promets-moi que tu n'iras plus d'accord?
- D'accord.
J'y peux rien, j'ai croisé les doigts. Ben oui! Je suis curieuse!
"Et que comptes-tu faire alors?"
Ben, j'irai voir ce qu'ils cachent quand ils seront pas là!
"Ils sont tout le temps là, au moins un des deux, non?"
Oui... ben, je sais pas, on verra!

30 avril 2006

Mise à jour du 30-04-06 (2)

Parce que la naissance approchait à grands pas. Indis avait de belles formes, à présent, et ça me réjouissait de plus en plus. Moi qui avais un peu zappé le début de la grossesse, je ne cessais à présent de la regarder évoluer de jour en jour.
C'était mon petit bout qui se développait dans son ventre, là, sous mes yeux. Et c'était la femme de ma vie qui fournissait tout ce dont cet enfant avait besoin. Je me sentais totalement impuissant, mais malgré tout, je me sentais inclus, car Indis me faisait profiter de chaque instant, de chaque mouvement perçu.
J'avais peur aussi. Déjà. Je me tracassais pour mon bébé, je ne voulais pas qu'il lui arrive quelque chose, et même si j'avais confiance en la nature et en Indis, je ne pouvais m'empêcher de considérer les risques aussi.
Et puis, être papa, ça change une vie. Comment faudrait-il faire pour être un bon père, et rester un bon mari aussi? C'était la première fois, et je ne savais comment réagir. Mes émotions partaient dans tous les sens, j'étais fou de joie et mort de peur en même temps, tout était confus. Mais ça restait un des plus beaux moments de ma vie! J'allais avoir un bébé, une partie de moi, et une partie de ma moitié... c'était absolument magnifique.

60

Et puis, enfin, ce grand moment, celui que nous attendions tous, avec énormément d'impatience, est arrivé. Indis s'est réveillé au beau milieu de la nuit, les premières contractions se faisaient ressentir. On est donc partis, non pas précipitamment, mais calmement vers l'hôpital le plus proche.
Dans la voiture, bien qu'Indis souffre par moment, on s'est regardés, et on a compris que ce soir, cette nuit, notre vie allait radicalement changer. Nous allions devenir parents, pour la première fois. Nous allions avoir cette responsabilité, mais aussi ce bonheur de chaque instant.
Ce petit être que j'avais d'abord exclu, puis aimé plus que tout, allait enfin venir nous montrer sa petite tête, il allait arriver dans ce monde bizarre et étrange qu'était celui des humains, mais il, ou elle, connaitrait enfin ceux qui l'attendent depuis 9 mois.
Arrivé à l'hôpital, tout a été très vite, et je n'ai pas eu le temps de réaliser ce qui se passait. On emmenait mon Indis ailleurs, on me demandait si je voulais assister à l'accouchement, tout le monde parlait, se précipitait...
Mais tout s'est bien passé. Indis a eu un courage que je n'aurai sans doute jamais, et elle m'a donné ce magnifique enfant, cette magnifique petite fille. Jamais je n'ai été aussi ému, voir ma fille, mon enfant, si petite et encore si fragile, dans les bras de sa maman, perdue, apeurée puis rassurée... ça m'a complètement retourné.

615

Quelques jours après cette naissance, je me suis remis, mais j'étais aux anges. Toute la famille d'Indis est venue, ainsi que ma soeur, voir notre petite Alaël. J'étais tellement fier de montrer ma fille, je l'aimais déjà tellement, j'étais le plus heureux des pères.
J'avais peur de la prendre dans mes bras, elle était tellement petite, si fragile, j'aurais pu lui faire mal. Mais Indis me rassurait, et m'aidait. Il n'y a pas de doute, elle fera une bonne mère. Elle est si douce, si attentionnée.
La seule chose qui me manquait, bien sûr, c'était mes parents. J'aurais tellement aimé leur présenter leur petite-fille, la première. Ils seraient fiers de moi, j'en suis sûr, parce que fiers d'elle, il ne peut en être autrement.
Je me disais alors qu'ils étaient là, dans mon coeur, et qu'ils voyaient cette petite merveille, fruit de leur patience, de l'amour qu'ils m'ont porté durant toute leur vie. C'est grâce à eux que ma fille est là. Je leur en serai éternellement reconnaissant, c'est le cas de le dire.
Nous sommes rentrés à la maison avec Alaël, heureux comme jamais. Indis l'a installée dans le petit lit que nous avions acheté, et on s'est reposé. La vie n'est plus pareille à présent.

623

Mais ma petite puce, je ne pouvais la laisser très longtemps seule dans son berceau, elle me manquait, alors je me baladais dans la maison avec elle dans les bras, et j'en profitais pour lui parler de mes parents.
Je sais très bien qu'elle est trop petite et qu'elle ne comprend pas un mot de ce que je lui raconte, et alors? Je voulais qu'elle sache, et elle saura, parce que ce n'est pas la dernière fois que je vais lui parler de ses grands parents. Même s'ils ne sont plus là, elle les connaîtra, grâce à moi, parce que je vais lui dire comment ils étaient, je vais lui dire ce qu'ils faisaient, quel était leur caractère, leurs qualités.
Elle les connaîtra comme s'ils étaient là.
Je faisais bien attention à elle, à bien la soutenir, bien la tenir, comme Indis m'avait montré. Mais j'avais tout de même encore peur de faire quelque chose de mal. Elle avait beau être ma fille, je n'arrivais pas à avoir pleine confiance en moi face à elle. Je l'aimais tellement que le moindre faux pas serait regretté à jamais.

632

Indis, elle, n'avait pas peur du tout. Elle manipulait notre fille avec une grande agilité et extrêmement de douceur. On aurait dit qu'elle avait fait ça toute sa vie.
Elle était aussi gaga devant elle que moi, et ça me faisait bien rire. Je n'étais pas le seul à être en totale admiration devant un bébé de quelques mois.
Oui, cela faisait maintenant quelques mois que nous étions rentrés avec Alaël. Ce qui signifie que le départ se rapprochait aussi.
Tout doucement, nous nous préparions mentalement. Mais en réalité, nous ne savons pas si nous partons vraiment, puisque je n'ai toujours pas la réponse d'Oldwyn. Je savais qu'elle mettrait un certain temps à me répondre, mais là, ça commençait à presser. Je ne voulais pas partir en quatrième vitesse, mais je ne voulais pas non plus qu'Alaël soit trop grande, afin qu'elle s'adapte parfaitement à ce nouveau monde et qu'elle grandisse dedans, sans être arrachée à ses racines, comme nous l'avons été et le seront, Indis et moi.

642

Alors j'ai pris les devants, j'ai décidé de téléphoner à ma soeur pour savoir ce qu'il en était. Il s'agissait tout de même de notre avenir à tous, et j'en avais marre de vivre dans l'incertitude. Là encore, j'avais un peu peur de la réponse que ma soeur pourrait me faire, mais si elle disait oui, alors nous partirions très bientôt.
- Oldwyn, c'est Mahtan, tu vas bien?
- Oui, et toi? Et ma petite nièce préférée?
- Tout le monde va bien.
- J'ai hâte de la revoir.
- Tu viens quand tu veux, tu le sais bien. Mais là, je voudrais te parler de quelque chose d'important.
- Le départ je suppose?
- Oui. Y as-tu réfléchi?
- Oui. J'en ai parlé à Cédric, nous avons beaucoup discuté.
- Et?
- Nous n'étions pas d'accord au départ, on n'était pas du tout du même avis, et c'était un peu embêtant, puisque nous voulons rester ensemble. Mais nous avons pris notre décision, et je comptais te le dire bientôt.
- Et cette décision est...?
- Oui, nous partons avec vous!
- Oui? Oh... Oldwyn!! Merci!!
- Tu n'as pas à me remercier, ce n'est pas une si mauvaise idée finalement, moi aussi je voudrais revoir ma terre natale, mon monde, pour me rappeler nos parents, ne jamais les oublier.
- Je te reconnais bien là. Et tu as tout compris, j'en suis ravi. Alors nous partirons très bientôt.
J'ai arrangé avec elle les derniers détails, puis nous nous sommes séparés. Cette décision était la plus belle que ma soeur ait pu prendre, et la première chose que j'ai fait, c'est de l'annoncer à Indis.

652

Le jour du départ arrivé, à la tombée de la nuit, ma soeur et son fiancé, ou celui destiné à le devenir tout du moins, sont arrivés.
Je n'ai pas très bien compris l'accoutrement de ce dernier, à mon avis, il a peut-être pas bien compris où nous allons exactement, mais sa toge d'étudiant, il la mettra de côté chez nous.
Tout avait été réglé, dans les moindres détails, de la maison aux meubles, en passant par la voiture et l'explication aux patrons.
Nous nous sommes réunis pour un dernier repas dans ce monde de mortels. C'était notre dernière soirée en tant qu'êtres destinés à mourir.
Nous avons profité au maximum de cette soirée, à quatre, sans ceux que nous allions quitter à jamais. Les adieux avaient été faits, puis refaits il y a de cela quelques heures. Nous étions prêts, un voyage plus qu'extraordinaire nous attendait. Nous partions vers un lieu inconnu pour plus de la moitié d'entre nous, un lieu qui serait celui de notre avenir à tous.

661

Ce soir, nous partions vers l'éternité. Et il était temps d'y aller.
Pendant qu'Indis, Oldwyn et Cédric bavardaient en m'attendant, je fis un dernier tour de la maison, accompagné de ma fille. Jamais plus je ne verrais cet endroit, jamais plus je n'y reviendrais. Cet endroit, d'abord conçu pour accueillir notre bonheur, notre vie de couple puis de parents, allait devenir le lieu des souvenirs pour ceux que nous laissions derrière nous.
Après ce dernier tour, les dernières images gravées dans ma tête, pour ma fille et pour moi, je donnai le départ.
- Il est temps d'y aller. Il fait nuit maintenant.
- Allons-y alors, dit Oldwyn.
Elle connaissait le chemin, ça ne lui faisait pas peur. Mais je m'inquiétais pour les deux autres.
- Vous êtes prêts?
- Oui.
- Oui.
- Sûrs?
Ils hochèrent la tête tous les deux. Je voyais dans les yeux d'Indis un peu de tristesse, mais aussi de la confiance. Confiance qu'elle me donnait entièrement.
- Allons-y...

671

Nous nous sommes alors dirigés vers cet horizon qui semblait infini. Nous allions irrémédiablement vers l'éternité, vers l'infini, vers une autre vie.
Je l'avais rêvé souvent ce voyage. J'avais souvent imaginé retourner auprès des miens. Bien que ce lieu me soit familier, ça me faisait peur, à moi aussi. La guerre était-elle finie? Ceux que j'aimais, et que j'avais du abandonner, étaient-ils encore en vie? Qu'étais devenue Finwë, mon premier amour?
C'est la tête pleine de questions, submergé de sentiments et d'émotions, que je me dirigeai pour rejoindre là-bas, au loin, la forêt de Neldoreth...

681

30 avril 2006

Mise à jour du 29-04-06

Mise à jour du 30 avril 2006

Elle avait dit oui... Je n'aurais pas cru cela si facile, et puis j'aurais compris qu'elle me dise non. Lui demander de tout quitter comme ça, c'est vrai que c'est un peu égoïste.
Mais moi, je me sentais de moins en moins bien ici. C'est vrai, j'avais tout pour être heureux. J'avais une femme, bientôt un enfant, une maison, une soeur que j'aime énormément, des amis... Mais ce n'était pas suffisant. L'idée de perdre tous ces gens m'insupportait.
Si je partais, je les perdais aussi... mais pas tous. C'est tout ce qu'il me reste à présent: ma femme, et mon enfant. Je ne veux pas les perdre, je ne peux pas, je ne le supporterai pas. Je veux les voir vivre, longtemps... l'éternité. Vous ne vous rendez pas compte... mais c'est ce qui me permettrait de vivre plus serein.
Alors, comme elle a dit oui, nous allons partir... vous vous souvenez, dans ma forêt? C'est là-bas que nous allons vivre à présent. Mais pas tout de suite, nous attendons la naissance. Et après quelques mois, nous partirons. Ca nous laisse un peu de temps pour faire les adieux. Indis a accepté, je ne sais pas pourquoi. Je suppose que l'idée de ne jamais nous perdre lui plait. Elle a donc prévenu ses proches.

492

A commencer par sa maman. Je m'en voulais un peu de les séparer, mais après tout, Indis était d'accord, et jamais je ne lui aurais reproché qu'elle refuse. Ma demande était tout à fait personnelle, et je suis extrêmement heureux qu'elle ait accepté, mais si elle ne pouvait être heureuse comme ça, alors nous serions restés ici.
Sa pauvre maman a eu du mal à accepter. Surtout que nous faisions nos adieux très tôt, puisqu'il restait encore quelques mois avant la naissance. Mais nous avions décidé, d'un commun accord, de faire les adieux le plus tôt possible, et au moment du départ, de les raccourcir un peu, nous pensions que ce serait moins dur. C'était une douce illusion bien sûr. C'était très dur, comment dire au revoir à sa maman? Elles ne pouvaient réaliser qu'elles ne se reverraient probablement jamais. Là où nous allions, c'était tellement loin... un autre monde, celui de l'éternité.
- Ma chérie, tu vas tellement me manquer... et votre enfant, je le connaitrai à peine!
- Je sais maman, mais c'est comme ça que nous serons les plus heureux... Viens avec nous!
- Mais je ne peux pas...
- Pourquoi?
- Et ton frère? Et tous ceux que je connais? Tu y vas avec Mahtan, il connait ce lieu, cette vie. Moi, ma vie est ici.
- Je sais oui...
Je les ai laissées se dire au revoir. Mais c'était aussi dur pour moi que pour elle. C'était à cause de moi.

501

Mon tour est venu également. Je devais l'annoncer à ma petite soeur, et ça me faisait très peur. Parce que c'est celle que j'avais le plus honte de laisser ici. Encore si jeune, elle se retrouve déjà sans parents, et moi, son grand frère, je la laisse aussi. Alors je me suis dit que je lui proposerais à elle aussi. Elle, elle était comme moi, sa vie était à moitié là-bas, à moitié ici. Et elle pouvait convaincre son Cédric de venir, si vraiment elle l'aimait.
J'ai donc pris mon courage à deux mains, et j'ai composé son numéro. Mon coeur battait la chamade, et j'ai cru qu'il allait s'arrêter quand j'ai entendu la voix de ma petite soeur.
- Oldwyn, c'est Mahtan.
- Tu vas bien?
- Ca va, et toi?
- Aussi! Que me vaut cet appel?
- Je dois te parler de quelque chose, mais je préfèrerais qu'on en parle face à face.
- Euh... tu me fais un peu peur là, c'est grave?
- Ca dépend.
- De quoi?
- De toi, un peu. Mais tu ne peux pas venir, ou je peux passer si tu préfères parce que je voudrais pas te le dire au téléphone?
- Attends, dis-moi de quoi il s'agit, tu me fais vraiment peur.
- Disons que je dois t'annoncer quelque chose qui va te rendre triste, mais j'ai une solution, qui éventuellement pourrait te rendre heureuse...

523

- Bon, écoute Mahtan, dis-moi, parce que je ne pourrai pas tenir le temps du voyage.
- Bon... je... Indis et moi, ainsi que le bébé quand il sera là, nous allons partir.
- Partir? Où?
- On retourne chez nous.
- Tu pourrais pas être plus clair non?
- Eh bien...
- Chez vous, vous y êtes!
- Non... chez nous... toi et moi, et nos parents.
- Les elfes?!
- Oui.
- Mais t'es dingue?
- Viens à la maison, on en parlera, s'il te plaît.
- Mais tu vas m'abandonner, toi aussi?
- Non! Je... viens Oldwyn.
- Ok, j'arrive. A tout de suite.
J'avais une trouille bleue. Il faut absolument que je la convainque de venir avec nous, sinon je ne pourrai pas partir. Je ne peux pas la laisser seule ici.

533

Comment allais-je faire pour la convaincre? En plus, elle n'a même pas fini ses études, je vais encore la couper des racines qu'elle avait fini par avoir ici. Je ne me comprends même pas moi-même. Je sais que ce que je fais est vraiment égoïste, mais c'est plus fort que moi. Ce sentiment d'appartenance à ce monde-là ne m'a jamais quitté, tous les jours, j'ai pensé à ma vie là-bas.
Même quand j'étais heureux ici, même maintenant que j'ai une famille, je ne me sens pas à ma place. Je me suis pourtant adapté, je vis bien ici, mais au fond de moi, il y a cette petite voix qui me dit: "Un jour, ils mourront, eux aussi, et tu te retrouveras seul". Au fond de moi, je suis attiré vers ma forêt. Si Indis avait dit non, ou si Oldwyn dit non, je resterai ici, mais j'aurai cette blessure au fond de moi. Indis devra vivre avec un elfe blessé à jamais. C'est extrêmement difficile à décrire. Mais je ne suis pas moi, ici.
Oldwyn est arrivée, et nous avons été dans le mini jardin derrière la maison.
- Alors, explique-moi, donne-moi une bonne raison qui fait que tu veux partir! Parce que là, je ne te comprends absolument pas!
- Je ne me sens pas à ma place ici.
Je lui ai alors expliqué tous ces sentiments qui se mélangeaient en moi, de la peur à la honte, en passant par celui d'appartenance, et par celui de tristesse.

542

- Mais... Indis a dit oui?
- Oui, elle est d'accord.
- Et quelle était cette solution dont tu m'as parlé au téléphone?
- J'aimerais vraiment que tu viennes avec nous.
- Quoi? Mais t'es vraiment fou ou quoi? Qu'est-ce qui t'es arrivé cette nuit?
- Rien, j'y pense depuis longtemps. Mais je ne partirai pas si tu ne viens pas avec nous.
- Ah c'est facile de faire un chantage pareil!
- Non, non... ne pense pas ça! Ce n'est pas un chantage. Je te jure. Mais je ne peux te laisser seule ici, je ne veux pas t'abandonner.
- Mais je suis grande tu sais, je peux me débrouiller!
- Ecoute... toi aussi, tu as vécu là-bas, tu sais comment c'est. Alors, tu referas facilement ta vie.
- Et Cédric? Je sais que tu ne l'aimes pas beaucoup, mais moi si!
- Je l'aime bien, détrompe-toi. Et il peut très bien venir avec nous. En plus, tu m'as dit qu'il n'avais plus ses parents.
- C'est vrai oui mais...
- Mais quoi? Tu sais, tu as le temps de réfléchir. Nous ne partons que dans plusieurs mois, après la naissance. D'ici là, tu peux lui en parler, vous réfléchirez vous deux, et tu me diras si tu veux venir ou pas. Mais sache vraiment que si tu ne viens pas, nous restons, et ce n'est pas pour te forcer, c'est simplement parce que tu es ma soeur et que je ne peux te laisser seule.
- Alors oui, j'y réfléchirai, mais ça risque de prendre du temps.
- Pense bien à ce que je t'ai dit, c'est tout ce que je te demande.

552

- D'accord, mais je ne sais vraiment pas si Cédric sera d'accord. On n'a aucune situation, pas comme toi, normalement tu es sûr de rester avec Indis. Mais moi... je l'aime, c'est vrai, mais je ne connais pas l'avenir.
- Alors demande-lui avant de réfléchir comme ça. Tu verras bien ce qu'il te dit. Mais je comprendrai qu'il ne veuille pas s'engager, surtout de cette façon.
J'ai pris ma petite soeur dans mes bras. J'étais ému, je ne voulais pas la perdre. Et puis je ne savais vraiment pas vers quoi ça allait nous mener. Je ne savais pas du tout ce qu'allait être sa réponse. Si elle était positive, ce serait magnifique, je serais super heureux, et nous partirions le coeur plus léger.
Mais si elle dit non... j'ai dit que je restais ici, oui, mais y arriverais-je? Je ne sais vraiment pas. Je n'arrive pas à concevoir ma vie ici.
Oldwyn est partie, me promettant de bien y songer, d'en parler avec Cédric, et de me dire sa réponse dès qu'elle serait prise. Ma pauvre soeur, si jeune, et déjà tant d'épreuves traversées...

561

Mais la personne qui a le mieux réagit, c'est Sébastien. Indis lui a téléphoné pour lui dire qu'elle voulait lui parler également. Curieux, peut-être pas autant que ma soeur, mais curieux tout de même, il a fait comme elle et n'a pas résisté à ce mystère qu'Indis lui infligeait. Elle du donc lui annoncer par téléphone.
- Indis, ça me fait plaisir de t'entendre. La future maman se porte bien?
- Très bien. Toi aussi?
- Oui, oui. Alors, quoi de neuf?
- J'ai quelque chose à te dire, quelque chose d'important, donc j'aimerais qu'on se voit pour en discuter.
- Une bonne nouvelle au moins?
- Non, pas vraiment. Elle n'est pas très mauvaise, mais tu risques d'être triste comme je le suis.
- Allez, accouche! Enfin... je veux dire...
- J'ai compris Seb. Tu me fais rire. Non, viens, je ne veux pas te dire ça par téléphone.
- Fais pas l'enfant. Dis-moi.
- Bon, comme tu veux.
- Je veux.
- Nous allons partir... très loin, Mahtan et moi.
- Où?
- Dans la forêt de Neldoreth.
- C'est quoi ce... Mais? C'est la forêt de Mahtan ça?!
- Oui.
- J'arrive!

571

En quelques minutes, Sébastien était arrivé. Il avait l'air inquiet, mais aussi content de nous revoir. Depuis l'annonce de la naissance future, tout le monde aimait prendre de nos nouvelles, surtout d'Indis, normal, et c'était chaque fois un plaisir de voir que tous ces gens attendaient le bébé avec autant d'impatience que nous.
- Ma petite soeur!
- On est jumeaux je te signale.
- Oui mais tu es ma petite soeur quand même. Avec ton petit ventre rond, tu es toute mignonne.
- Petit... il grossit à vue d'oeil!
- Explique-moi cette fameuse nouvelle...
- Oui... Eh bien, Mahtan m'a fait cette proposition il y a quelques semaines. Il ne se sent pas bien ici, mais je crois que c'est surtout le fait de nous savoir mortels qui le tracasse. Tu sais, il n'était plus si jeune quand ils sont arrivés, ça doit être difficile pour lui d'accepter la mortalité.
- Et tu as dit oui?
- J'ai dit oui. J'ai beaucoup réfléchi. J'ai mis du temps avant de lui donner ma réponse. C'est qu'il s'agit de réfléchir à tout ce que cela implique, pour nous, mais aussi pour notre enfant, et ceux que nous aurons plus tard.
- Je comprends.
- Tu le connais bien Mahtan. Tu sais bien qu'il ne fait pas ça dans son seul intérêt. J'y trouve un certain avantage aussi, je pourrai avoir mes enfants et mon époux auprès de moi.
- Mais on ne se reverra plus...
- C'est malheureusement le prix à payer, en effet.

581

- Mais je ne partirai pas sans ton accord.
- Tu fais ce que tu veux Indis. Je veux que tu sois heureuse. Si c'est ça qui te rend heureuse, alors tu as mon accord.
- Tu es gentil.
- Maman est au courant?
- Oui. C'était dur. Elle a du mal à comprendre. Je lui ai proposé de venir avec nous, mais comme je m'y attendais, elle a refusé. Sa vie est ici. Je te fais la même proposition, mais je suppose que tu vas refuser aussi, ce que je comprends.
- En effet, je ne peux pas. Je ne suis plus seul maintenant.
- Carole?
- Oui, Carole.
- Je suis contente pour toi.
- Mais qui va m'embêter maintenant?
Je ne pensais pas que Sébastien le prendrait comme ça. Mais il était vraiment heureux pour sa soeur. Ils se sont chamaillés comme des gamins, comme pour retrouver le bon vieux temps, avant de le mettre de côté.
Ca m'a rendu nostalgique. Tout cela allait malgré tout me manquer. Bien sûr, j'étais à la base de tout cela, mais j'avais tout de même vécu de magnifiques moments ici.
Si je n'étais jamais venu, je n'aurais pas rencontré Indis, et je ne serais peut-être pas un futur papa!

593

19 avril 2006

Mise à jour du 09-04-06 (2)

A côté de mes doutes et des mes questions, la vie continuait, en effet. Indis connaissait les superbes joies du début de maternité. J'aurais aimé l'aider, mais sur ce coup-là, je ne voyais vraiment pas en quoi je pouvais être utile. Les femmes se plaignent d'avoir pas mal d'inconvénients, mais elles ne pensent pas aux hommes qui doivent subir tout cela sans pouvoir rien faire. Je vous assure que ce n'est vraiment pas facile. Je me sens impuissant, inutile et sans aucun intérêt, ça vaut bien un passage par les toilettes non?

394

En plus, elle est crevée pour le moment, tout ça l'épuise, et moi je suis incapable de comprendre puisque je ne le vis pas moi-même. Il faut ajouter à cela qu'elle mange comme quatre, et on a le tableau de la femme enceinte.
En plus de mon inutilité, je ne suis toujours pas très présent. Je vous assure que je fais des efforts, mais je n'arrive pas à réalise que ce bébé n'y est pour rien. C'est absurde, je le sais, mais c'est plus fort que moi.
En même temps, j'ai envie de faire ces gestes de futur papa, d'être attentionné et tout... mais je m'en empêche, inconsciemment. Je ne me comprends pas. Et j'ai un nouveau sentiment de culpabilité: je n'ai pas réagi si bizarrement à la mort de ma mère. Pourtant, ça devrait être le contraire, vu les circonstances. Je ne me l'explique pas. Peut-être est-ce la peur de me retrouver maintenant totalement orphelin, et d'avoir bientôt la responsabilité que mes parents avaient envers moi. C'est vrai, je perds mes repères, et en même temps, je vais devoir être ces repères pour d'autres. C'est une situation difficile pour moi.

415

Mais un soir, j'ai eu très envie d'aller vers mon bébé. Indis lisait tranquillement dans le salon, et je la regardais, puis d'un coup, l'envie m'est venue. Je venais de réaliser que j'étais en train de louper tout le début de la vie de mon enfant. Je réalisais aussi que cet enfant avait une place à lui, et pas celle de mon père. Pourquoi est-ce venu d'un coup? Je ne sais pas très bien.
Tout cela ne signifie pas que j'accepte aussi tout d'un coup. Mais peut-être que j'apprends à faire avec. Accepter, je crois que je ne pourrai jamais. Mais pour Indis, et pour notre bébé, je veux vivre une vie plus saine que celle que je mène depuis des mois.
Et puis, j'avais une idée qui me trottait dans la tête, et si elle se réalisait, la vie serait plus belle. Je n'en parlais pas encore à Indis, mais il serait bientôt temps.

423

- Indis?
- Mmmm?
- Je peux...?
- Quoi?
- Le bébé.
Elle relève la tête, avec son petit air étonné qui m'a toujours fait craquer. Notre bébé, il sera beau, s'il ressemble à sa mère.
- Quoi le bébé?
- Je voudrais... le toucher. Je... je peux?
- Mais... évidemment, quelle question!
Alors je me suis approché, tout doucement, comme un enfant. J'avais peur. Peur de lui faire mal, de faire mal à Indis.
Et puis j'avais honte, honte de m'intéresser seulement maintenant à mon enfant, honte de lui offrir mon amour après tout ce temps. Peut-être qu'il n'en voudrait pas, après tout, je ne pourrais pas lui en vouloir. Les bébés ressentent les choses, et si le mien a ressenti ce que j'éprouvais, il aurait de bonnes raisons de ne pas me vouloir comme père.

434

- Tu crois qu'il voudra bien de moi, même si j'ai pas été un bon père?
- Mahtan, bien sûr que oui!
- Mais je ne suis pas...
- Tu feras un très bon père, j'en suis certaine.
- J'ai tellement honte!
- Je sais... mais tu ne dois pas. Accepte que tu as peut-être commis des erreurs, mais accepte qu'on te pardonne aussi.
- C'est génial, on le sent...
- Heureusement! dit-elle en riant.
- Ne te moque pas, je n'ai jamais vécu ça avant.
- Heureusement aussi! Si tu as d'autres enfants, il serait grand temps que tu me le dises!
- Non, non, mais... enfin il y a eu ma petite soeur, mais je ne m'en souviens pas. C'est... eh! Il a bougé!
- Ou elle.
- Tu crois que c'est une fille?
- Je n'en sais absolument rien, et je ne veux pas le savoir avant.

442

- Il donne des coups de pied, tu sens?
- Bien sûr, ça fait un moment que ça arrive, me répondit-elle en souriant.
- Il sera fort et beau comme son père!
- Ou belle et gracieuse comme sa mère.
- Tu voudrais une fille?
- Je veux juste un enfant heureux, avec des parents heureux. Peu m'importe que ce soit une fille ou un garçon, c'est notre enfant, celui que tu m'as donné, et c'est ça qui me rend heureuse.
Je la pris dans mes bras. Indis était métamorphosée depuis qu'elle était enceinte. Pas seulement physiquement, me prenez pas pour un imbécile! Non... elle était encore plus douce qu'avant. Elle avait acquis une sagesse que je ne lui connaissais pas avant. Son frère et sa mère devaient être surpris. Ou alors c'est moi qui n'ai pas vu ce changement, et qui suis surpris.
En tout cas, je reprends peu à peu goût à la vie.

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Cependant, cette idée que j'avais eu ne me quittait pas. Je voulais en parler à Indis, mais je savais qu'elle aurait du mal à l'accepter. Alors je reportais, je reportais, et je ne disais jamais rien...
Pourtant, il était temps que je le fasse. Plus que temps. C'est vrai, 9 mois, ça passe vite. Et on en était déjà bien loin, alors il fallait que je prenne mon courage à deux mains, et que j'aborde le sujet. Après tout, elle sera peut-être d'accord, ou alors on trouvera un compromis...
J'ai décidé de faire ça le lendemain de notre nouvelle "complicité", pour ne pas tout gâcher si jamais elle disait non.
- Indis, il faudrait que je te parle de quelque chose.
- De quoi?
- En fait, je ne sais pas si tu le prendras bien, ça fait longtemps que j'y pense, mais j'osais pas t'en parler.
- C'est si grave que ça?
- Pas grave, important.
- Vas-y.
- Mais il faut que tu saches que j'y ai vraiment bien réfléchi, et je ne veux pas que tu te mettes en colère, je ne t'oblige à rien tu sais, je veux juste te faire part de...
- Tu me dis?
Cette boule dans la gorge m'empêchait de commencer...

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